Cher Covid-19,

Nous y sommes. Demain matin à 6h30 le réveil va de nouveau sonner, Vincent va de nouveau partir travailler. Oui mais voila, c'est bien la seule chose normale qui se fera ce 11 mai. 

Ma fille ne retournera pas à l'école. En réalité elle devrait y retourner le 18 mai, mais ce ne sera pas pareil. Elle ne retrouvera que 9 de ses 23 copains. Elle ne sera pas dans la même salle de classe. Il n'y aura plus de sorties scolaires, pas de kermesse de fin d'année non plus. Il est loin de scénario idéal que j'avais imaginé pour sa première année de maternelle. 

Et puis il y a moi. Je devais travailler cet été mais cela semble très compromis. Je devais passer mon permis, seconde chose compromise. Il y a aussi cette date du 19 mai qui va me faire déprimer, ce fameux matin où nous aurions dû monter dans l'avion pour Édimbourg, un rêve annulé à cause de toi.

En réalité tu nous a privé de bien des choses : un weekend de Pâques entre amis, des weekends en famille, des anniversaires, un enterrement de vie de jeune fille, un mariage, un voyage en Écosse, des vacances en Bretagne, des balades dans notre parc préféré, etc. 

Mais tu sais quoi ? Je ne t'en veux pas finalement. Comme toujours j'essaye de voir le positif. Je viens de passer deux mois avec ma fille et mon mari. Deux mois rien que nous trois dans un appartement. Il y a eu des moments de pleurs, d'angoisse, de déprime, mais encore plus de moments joyeux, de rire, de jeux, de découvertes et de batailles de chatouilles. 

Nous avons eu la chance de voir Livia énormément évoluer en 56 jours de confinement. Nous avons eu la chance de construire 3 cabanes, une voiture en carton, de faire (trop) de gâteaux, d'inventer pleins d'histoires, et de pouvoir prendre le temps de s'aimer tout simplement. 

Ces deux mois nous aurons aussi montrer la chance que l'on a en France de pouvoir être libres. Libres de boire un verre en terrasse dès que l'on en a envie, libres de nous promener sans attestation, libres d'aller s'éclater dans un concert, libres de vivre notre vie. 

Alors oui tout n'est pas rose ni parfait, mais sincèrement pouvons-nous enfin admettre que nous sommes chanceux ? Pouvons-nous enfin profiter de cette vie qui passe si vite ? 

Alors voila, merci Covid-19 de nous avoir ouvert les yeux. Mais maintenant tu peux partir, le message est passé et tu as fais bien trop de victimes. Casses-toi s'il te plait, et laisse-nous profiter de cette vie en sortant, en travaillant, en embrassant nos proches, en voyageant, et en laissant grandir nos enfants avec insouciance.

Éloïse